En marge d’une réunion du G5 Sahel, à laquelle seul le président du Niger, Mohamed Bazoum, était présent à Paris, le président français Emmanuel Macron a annoncé sa poursuite de réduction des effectifs au Mali.
« Les bases militaires de Kidal, Tessalit et Tombouctou seront fermées d’ici le début de l’année 2022 », a déclaré Emmanuel Macron aujourd’hui. Le président français était en compagnie de son homologue du Niger, Mohamed Bazoum. L’invitation faite à ce dernier emboîte le pas à celle de Mahamat Déby, le président du Conseil militaire de transition (CMT) tchadien.
C’est donc en compagnie de ses alliés les plus proches au G5 Sahel que le président français a pris la décision de poursuivre le désengagement au Mali. Les autres chefs d’Etat du G5 étaient présents, mais seulement en visioconférence. La réduction des troupes françaises de l’opération Barkhane est également un sujet brûlant. Car même si Emmanuel Macron avait annoncé son intention de réduire de moitié le nombre de troupes au Mali avant la fin de 2021, l’armée française avait repris les opérations conjointes dimanche dernier.
Cette annonce d’Emmanuel Macron contraste aussi avec celle de sa ministre des Armées. Florence Parly avait émis un communiqué annonçant la reprise des relations militaire avec le Mali. Une décision qualifiée de « réaliste » par le spécialiste mauritanien Lemine Ould Mohamed Salem. Ce dernier avait déclaré sur RFI : « La reprise de la coopération avec l’armée malienne signifie qu’Emmanuel Macron est revenu à la raison ». Avant de continuer : « Sa décision d’arrêter la coopération a été prise sans consultation avec les militaires. Ils n’ont jamais été favorables à cette décision ».
La France commencera à fermer ses bases dans le nord du Mali d'ici la fin d'année, annonce Emmanuel Macron #AFP pic.twitter.com/cjNMXwLLQE
— Agence France-Presse (@afpfr) July 9, 2021
Moins d’effectifs au Mali, et moins d’alliés au Sahel ?
La France réduira donc ses troupes au Mali de 5 100 soldats à « 2 500 à 3 000 à terme » selon Emmanuel Macron. Il insiste d’ailleurs : « Cette transformation répond à la nécessité de s’adapter à la nouvelle posture des groupes terroristes. Elle doit être accompagnée de la prise de responsabilité des pays de la région ».
Toutefois, la position des terroristes serait plus solide aujourd’hui que lors du déploiement de Barkhane. Selon le directeur d’Afriglob et spécialiste du Sahel, Boubacar Salif Traoré, le changement de stratégie de Macron a d’autres objectifs. Traoré demande : « Est-ce que la reprise des opérations conjointes avec le Mali était par crainte que la France soit remplacée ? Je crois que oui, le fait que Barkhane ait un bilan sans résultats ne favorise pas une réduction immédiate des effectifs ». Selon le spécialiste, la possibilité d’une coopération russe ou algérienne n’arrange pas les intérêts français. Et donc, toujours selon Salif Traoré, Macron semblait être dans l’obligation de reprendre la coopération avec l’armée malienne. Premièrement, afin de justifier la présence de 5 100 soldats dans un pays souverain. Deuxièmement, afin de décourager l’intervention directe des nouveaux amis de Bamako.
L’annonce de Macron in præsentia de Mohamed Bazoum, après la première invitation de Mahamat Déby à l’Elysée, est significative. Pour Macron, il ne serait plus question de s’éparpiller au Sahel. Durant la crise tchadienne et après l’assassinat d’Idriss Déby Itno, l’interdiction de vol de la part de la RCA a empêché la France d’intervenir. Surtout avec l’approche des rebelles du FACT de N’Djaména. Au Niger, l’incapacité de Mohamed Bazoum de défendre son territoire face aux terroristes est une opportunité pour Emmanuel Macron. Relativement à Mahamadou Issoufou, Bazoum est isolé diplomatiquement. Et il ne serait pas, éventuellement, contre plus de présence militaire française au Niger.
Déculottée de la diplomatie frçaise.
Le chef de la junte civile de l'Élysée a bluffé sans succès avec la CÉDÉAO. Imperturbable, le président Goïta s'est tenu droit ds ses bottes.
Le régime Macron revient par la petite porte, après avoir réalisé que le Mali ne cède pas aux menaces https://t.co/iIwAYIsAa6— Goïkoya Kolié (@KolieGoikoya) July 2, 2021