Le président de l’Angola et de la Conférence Internationale des Grands Lacs (CIRGL), João Lourenço, a briefé l’ONU sur la situation en Centrafrique. Il accuse la CPC de crimes de guerre.
L’intervention du président de l’Angola devant l’ONU, le 23 juin, a été la première où c’est un chef d’Etat africain, et non la France, présente la situation en RCA. En effet, les crimes de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) de l’ancien président centrafricain François Bozizé ont souvent été outrepassés dans les instances internationales. La guerre civile en RCA a souvent été présentée par les responsables occidentaux comme une guerre entre les civils et l’Etat. Or, il devient difficile de cacher que le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra a été en mesure de reprendre une grande partie du territoire à la CPC. Surtout, il devient évident que l’Etat commence à s’installer dans les régions libérées.
Plusieurs projets d’infrastructure ont commencé en RCA, en un temps record. Et bien que la victoire militaire des FACA n’aurait probablement pas pu être atteinte sans le soutien russe, l’Etat centrafricain est bel et bien souverain. Le président Touadéra est reconnu comme un sauveur par les populations. Et il n’y a plus que la France qui nie la souveraineté de l’Etat en RCA. Le président français Emmanuel Macron avait déclaré : « Le président de la Centrafrique est otage des paramilitaires russes de Wagner ». Une déclaration que João Lourenço a clairement démenti devant le Conseil de sécurité es Nations unies. Le président angolais est le médiateur du dossier centrafricain, en sa qualité de président de la CIRGL.
La crise humanitaire et les groupes armés en Centrafrique, les vrais ennemis
João Lourenço n’a donc pas hésité à prendre une position contraire à celle de la majorité des intervenants. Alors que l’Ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a centré le débat sur Wagner. João Lourenço a insisté sur l’absence d’aide humanitaire de l’ONU en RCA, qui compte encore 1,7 millions de déplacés, soit le tiers de la population. Ces derniers sont majoritairement installés à Bangui, la capitale, sous la protection des FACA et de Wagner, justement.
De son côté, le diplomate sénégalais et chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, a déclaré : « La CPC est majoritairement responsable des violations des droits de l’homme ». Ensuite, il a rappelé que le vrai défi pour la paix en RCA est la crise humanitaire. Cette dernière n’est pas exacerbée par les paramilitaires russes, mais surtout par les troupes insurrectionnelles de la CPC. Ces dernières avaient presque causé une crise diplomatique entre la RCA et le Tchad, d’ailleurs.
Puis, João Lourenço a rencontré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Il a transmis la position des Etats d’Afrique centrale quant à l’embargo sur la Centrafrique. Et a appelé à la levée de l’embargo. « Le gouvernement, légalement élu, a besoin de ressources. Il a aussi besoin d’armes pour tenir tête aux groupes armés », a affirmé Lourenço.
La réunion du mercredi 23 juin n’a toutefois pas taclé un point essentiel. Le mandat de la MINUSCA en RCA finit en novembre 2021. Et bien que l’ONU ait décidé d’apporter de l’aide humanitaire grâce au plaidoyer de Lourenço. La question de la MINUSCA reste encore floue. Cette réunion sur la Centrafrique est toutefois une victoire pour la diplomatie africaine.