L’annulation de la créance soudanaise par la France signalerait selon les spécialistes un mouvement géopolitique global sur le continent. Quel est le plan occidental pour reprendre le contrôle de l’Afrique ?
La dette africaine a toujours attiré les instances financières internationales et les pays occidentaux. Or, l’annulation d’une partie de la dette soudanaise par la France soulève beaucoup de questions. Hormis un intérêt français de « récompenser » le Soudan pour sa « stabilité exemplaire » selon Emmanuel Macron. Et en marge de la récente montée de la brutalité israélienne en Palestine. Il est certain que cette aide financière fait suite au retrait du Soudan de la « liste des pays promouvant le terrorisme » par les Etats-Unis. Le tout s’inscrit dans la mouvance vers la normalisation des relations diplomatiques des pays de la zone MENA avec l’entité sioniste.
Au-delà de cet intérêt direct de Macron, un stagiaire de la banque Rothschild à ses débuts, et souverain d’un pays particulièrement partial lorsqu’il s’agit des intérêts israéliens. Il existe aussi des enjeux plus globaux qui expliqueraient cet intérêt soudain pour le Soudan. Selon plusieurs spécialistes, l’Occident en son entièreté essayerait à travers la finance, et d’autres moyens moins discrets, de fomenter un nouvel axe de contrôle du continent africain.
💬 Le 17 mai 2021, M. Serge Parinov, conseiller de presse à l'Ambassade de Russie en France a participé au Libre Journal de la Radio Courtoisie "La France tient-elle à pousser la Russie dans les bras de la Chine?"
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La France, premier soldat de l’Ouest en Afrique
Pendant les deux dernières décennies, la France a perdu beaucoup de son influence en Afrique. Il n’y a aucun désaccord sur cela. En tant que premier représentant des pays européens, et occidentaux en général, la relation de Paris avec plusieurs anciennes colonies africaines s’est grandement dégradée.
L’influence occidentale en Afrique se traduit actuellement en une présence militaire dans les pays du Sahel et de la Corne de l’Afrique. Ce qui se superpose à l’emprise diplomatique et financière. Dans le cas de la France, cette sphère se situe de la Mauritanie jusqu’en Côte d’Ivoire à l’Ouest, en allant au Tchad à l’Est.
Or, les récent troubles suivant le décès du président Idriss Déby ont établi une nouvelle réalité. Les armées occidentales ne pouvaient pas agir si les pays africains proches de la Russie ou de la Chine s’y interposent. En effet, l’intervention française a été empêchée par une interdiction de survol de la part de la Centrafrique. Et les drones américains ne pouvaient pas soutenir Déby au risque de froisser l’Ethiopie et le Soudan. En Centrafrique, la Russie est un acteur militaire et économique majeur. En Ethiopie et au Soudan, la Chine est le créancier principal.
Face à cette nouvelle réalité, il est devenu clair que la présence américaine en Afrique de l’Est, et française en Afrique de l’Ouest, commençaient à être ébranlées au cœur du continent. En effet, au Mali et au Tchad, plus qu’ailleurs, l’hostilité des populations envers la France est un fait. A Bamako, même les dirigeants se montrent de plus en plus critiques. L’Algérie, au Nord, entretient de bonnes relations avec la Russie, et devient progressivement hostile envers la France. Un autre facteur influe aussi, les Etats-Unis ne partagent pas leur influence. Que ce soit en Somalie, en Afrique du Sud ou au Ghana, la France et l’Europe sont presque absentes.
ENQUÊTER SUR LA FRANÇAFRIQUE, C'EST D'UTILITÉ PUBLIQUE@thomasdietrich0, journaliste d’investigation pour Le Média TV suit des dossiers sensibles sur des thèmes liés à la Françafrique. Aujourd'hui, il lance un appel pour que Le Média TV ait les moyens de continuer à enquêter. pic.twitter.com/6PqTgCOhM3
— Le Média (@LeMediaTV) May 20, 2021
L’économie et les infrastructures, des enjeux majeurs
L’importance de rallier les pays les plus endettés envers l’Occident prend donc tout son sens. On considère que dans les anciennes colonies françaises de l’Ouest, l’influence des entrepreneurs libanais contrecarre toute guerre économique menée par les pays du Golfe arabe par proxy. La plupart de ces pays sont amicaux avec les Etats-Unis.
Toutefois, en Afrique de l’Est, surtout au Soudan, cette possibilité est encore présente. Les alliés des français, du Royaume-Uni et des Etats-Unis dans le Golfe arabe peuvent asseoir le contrôle occidental sur la Somalie, l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan. Pour ce dernier, cela n’a pas commencé par le récent allègement de la dette soudanaise. Le début a été l’annuellement du projet du premier port russe en mer Rouge unilatéralement de la part de Khartoum. Peu de temps après, la Chine s’est vue refuser le contrat de réhabilitation de la compagnie aérienne nationale soudanaise. Enfin, l’Egypte a récupéré les deux projets, deux semaines avant qu’elle n’achète 5 milliards de dollars d’armement à la France. On remarque aussi le dédouanement d’al-Sissi auprès des pays occidentaux, ainsi que l’hostilité croissante envers le régime d’Abiy Ahmed et sa guerre civile.
Au niveau purement économique, la route transsaharienne est financée par la Chine. Sa complétion mettrait en péril la prépondérance des ports en eau profonde en Côte d’Ivoire, au Togo, au Nigéria etc. Logiquement, le second front de l’offensive économique occidentale serait donc le Mali, le Niger et le Tchad. Cela imposerait une ceinture coupant la route transsaharienne en plusieurs points. Et soumettrait l’activité commerciale à l’interférence française. En Afrique de l’Est, le Corridor LAPSSET, reliant le Kenya, l’Ethiopie et le Soudan du Sud serait le prochain enjeu sur le moyen terme.
Transport routier: Le Mali reçoit plus de 56 millions $ pour la phase 2 de la route transsahariennehttps://t.co/DOacfEtCtv#Transport #Route #Transaharienne #Mali #Sahara #Fluxafrica #Road pic.twitter.com/KZqFMaYQvl
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Les pièces tombent en place
On observe ensuite les financements étatiques du Fonds Monétaire International (FMI), les levées des sanctions de l’ONU, et les récents déploiements militaires européens en Afrique. Ces derniers pointent vers une entrée en force dans les pays susmentionnés.
Cependant, certains pays sont plus difficiles à pénétrer économiquement que d’autres pour l’Occident. A savoir la RDC, le Congo-Brazzaville et le Rwanda et l’Ouganda en Afrique Centrale. Ces pays maintiennent une relation prudente avec l’Europe. Toutefois, leur économie est de plus en plus chinoise. Alors que l’Occident essaye d’établir sa ceinture au Sahel, la Chine et la Russie sont plus présentes au Sud.
Malgré une défaite économique, diplomatique et militaire en République centrafricaine (RCA), la France continue ses tentatives de déstabilisation. Sur ce front, c’est la Russie qui intervient et qui remporte de petites victoires. Mais plus au Nord, la France tolère le nouveau président tchadien et son régime militaire. Les analystes se sont posé la question quant à ce soutien très couteux pour la France. Il serait effectivement plus efficace pour l’Occident d’assurer le monopole sur le Tchad que de s’investir en Afrique Centrale. Premièrement dans une optique de continuité. Ensuite, le Tchad est la pièce maîtresse qui relie toutes les zones d’influence occidentales, CQFD.
Enfin, les enjeux géopolitiques des puissances mondiales en Afrique sont en mouvement constant. Pour les Etats africains, l’intérêt national revient souvent à choisir le partenaire le moins abusif, surtout économiquement. Le contexte culturel du néocolonialisme complique souvent les choses et oblige les dirigeants africains à prendre de curieuses décisions. Récemment, Ali Bongo a concrétisé l’intégration du Gabon au Commonwealth. Une décision qui se montrera sans doute pleine d’avantages et de défauts à la fois. Il reste à savoir, quelle incidence aurait-elle au niveau géopolitique ?
#GABON Mais punaise de quoi a-t-il peur " Ali Bongo" ? Pourquoi en 2 ans personne ne l'invite? @dw_francais @france24 @bruno_fuchs @jeanlassalle @huguesrenson @JLMelenchon @JY_LeDrian @Anne_Hidalgo @Mediapart @RFI @JBLemoyne #Francafrique ça fait beaucoup pour un "ami" 🤣🤣🤣🤣 pic.twitter.com/G2pyMEqHUj
— John LIBRE 🇬🇦🇨🇵💥🎯🎤 (@Cosa76) December 7, 2020