Le gouvernement égyptien a conclu un contrat avec le ministère français de la Défense. L’Egypte a passé commande pour l’acquisition de 30 avions de combat Rafale. Un contrat à hauteur de 4,5 milliards de dollars.
La flotte de l’armée égyptienne rajoutera 30 avions de combat Rafale à ses effectifs. Il s’agit du plus grand achat depuis la création de Dassault Aviation, d’une valeur de 4,5 milliards de dollars. Ce qui fait de l’Egypte le plus grand client de la société française, dépassant l’Inde et le Qatar. L’achat a été chaperonné par le ministère français de la Défense.
Le ministère égyptien de la Défense a annoncé la nouvelle le 4 mai. L’achat sera financé par un prêt d’investissement sur une durée de 10 ans, avec des bénéfices de 240 millions de dollars. Ça sera alors le second achat d’avions Rafale de la part de l’Egypte. Le premier, en 2015, comprenait 24 Rafales, d’autres avions et des missiles, pour une valeur de 5,9 milliards de dollars.
Le Rafale, l’oiseau des enfers
D’abord, l’avion en question, qui connait beaucoup de succès, est un engin de guerre impressionnant. Le Rafale a une portée de combat pouvant atteindre 1 600 km sans ravitaillement. Il est équipé de quatre types de munitions. Notamment deux arrangements de missiles air-sol, des Scalp (croisière) et des Hammer (guidage infrarouge). Le Rafale est aussi équipé de missiles air-air Meteor et de canons 30 mm GIAT. Donc, avec cette force de frappe, il s’agit du 8e jet de combat le plus performant au monde actuellement. Le Rafale est aussi équipé d’éléments de furtivité actifs et passifs. Il peut être utilisé pour le bombardement, la traque, ou le déploiement défensif avec la même efficacité. Même selon les standards militaires, c’est un jet d’attaque très performant.
Pourquoi donc l’Egypte augmenterait-elle ses capacités militaires aussi drastiquement en pleine crise économique ? Eh bien, le pays d’al-Sissi entretient des rapports inamicaux avec l’Ethiopie. Le Caire est actuellement en bons termes avec les Etats voisins. La seule raison, outre la prévention, qui pourrait expliquer un achat pareil, est la préparation à la guerre. Or, l’Egypte n’a pas déclaré la guerre à un Etat depuis 1973. De plus, au milieu d’un rapprochement diplomatique avec la Turquie et la Russie, al-Sissi a choisi la France en tant qu’armurier.
Al-Sissi jouerait-il avec le feu ?
De prime abord, le président français avait déclaré ses intentions de vendre des armes à l’Egypte depuis longtemps. Emmanuel Macron a avancé l’argument de la lutte contre le terrorisme. Seulement, l’armée égyptienne est suréquipée pour affronter ces menaces. De surcroît, les groupes terroristes n’ont jamais essayé de bombarder l’Egypte au B-1B, aux dernières nouvelles.
Toutefois, le conflit au sujet du barrage de la renaissance (GERD) a atteint les menaces depuis mars. En effet, al-Sissi avait mis en garde l’Ethiopie contre l’accélération du remplissage du barrage. Le Premier ministre Abiy Ahmed n’a pas changé sa position sur le sujet depuis. La course unilatérale à l’armement de la part du président égyptien ressemble donc un autre ultimatum du Caire. Cependant, l’avantage octroyé au marché d’armement français pourrait être une décision hâtive de la part de l’Egypte. Ce n’est un secret pour personne, que la France est inamicale envers la Turquie et la Russie. Non seulement al-Sissi risque de perdre son récent rapprochement avec ces dernières, mais il pourrait se retrouver contre des pays amicaux avec l’Ethiopie. Abiy Ahmed s’est cependant assuré un isolement diplomatique, à cause de nombreuses décisions bellicistes ces dernières années. Il reste toutefois proche de l’entité sioniste.
Ce contexte pourrait amorcer de nouvelles alliances pour l’Egypte. Rien n’est sûr pour le moment, mais si Addis-Abeba et le Caire en venaient au conflit armé, la déclaration d’al-Sissi prendrait tout son sens. Fin mars, le président égyptien a déclaré : « Il y aura une instabilité inconcevable dans la région ».