Des individus armés ont pris d’assaut la base militaire de N’Dotré à Abidjan, dans la nuit de mardi. Les assaillants ont ouvert le feu sur le poste de gardes, et un échange de tirs s’en est suivi. Un blessé du côté de l’armée et trois agresseurs tués en plus d’un blessé détenu ont été décomptés.
Des hommes armés ont attaqué la base militaire de N’Dotré dans le nord de la commune d’Abobo, à Abidjan, dans la nuit du 20 au 21 avril. Selon la déclaration du général Lassina Doumbia mercredi, trois assaillants ont été tués et un capturé. Les combattants auraient rejoint la base à bord de voitures banalisées et de taxis.
Les photos des morts ont circulé sur les réseaux sociaux hier, mais aucune indication ne spécifie leur identité exacte ou leurs objectifs. Selon l’AFP, un passeport et un permis de conduire libériens ont été trouvés sur deux des assaillants tués. De plus, le gouvernement libérien aurait averti son homologue ivoirien de la possible incursion d’éléments criminels, après la fuite de prison de 90 détenus au Maryland, dans le Sud-Est libérien.
Selon le général Doumbia, les recherches pour le reste du groupe à l’origine de l’attaque sont en cours. On note que les forces armées ivoiriennes étaient en état d’alerte depuis la veille de l’attaque. Et les soldats occupants la base de N’Dotré s’entrainaient pour rejoindre les Casques bleus de l’ONU.
Attaque de la base militaire de N’dotré dans la nuit du 20 au 21 avril 2021 : les précisions faites par l’État-Major des armées . pic.twitter.com/1fiFbIe894
— PROM’IVOIRE (@Prom_Ivoire) April 21, 2021
Le terrorisme, une expression fétiche en politique
Certains médias ont soulevé l’hypothèse que des combattants terroristes seraient responsables de l’attaque. Début février, le directeur de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure française (DGSE), Bernard Emié, avait déclaré que le groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) prévoyait une expansion au bénin, et en Côte d’Ivoire.
L’attaque du camp militaire de N’Dotré intervient aussi trois semaines après que des « terroristes » présumés ont tué trois membres des forces de sécurité ivoiriennes lors d’attaques à la frontière ivoirienne-burkinabé. Plus récemment, on décompte deux autres attaques sur la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. La première, le 29 mars, a fait deux morts dans les rangs de l’armée. La seconde, le 12 avril, n’a pas fait de victimes, il s’agissait de l’explosion accidentelle d’un IED.
L’attaque de mardi s’inscrit dans un contexte politique extrêmement tendu en Côte d’Ivoire. La réélection du président Alassane Ouattara en octobre 2020, accompagnée du boycott de l’opposition, a provoqué une tempête politique. Pendant la crise de 2020, l’ancien Premier ministre et président du Parlement Guillaume Soro avait appelé à une rébellion contre Ouattara. Des plateformes médias majeures ont d’ailleurs parachuté le nom de Soro dans le contexte des évènements récents. Une inclination bien étrange lorsqu’on prend en compte que l’ex-secrétaire général du FNCI est, de facto, en exil.
Enfin, depuis le décès du Premier ministre Hamed Bakayoko, ses partisans se sentent persécutés. Certains proches du défunt Bakayoko qualifient le climat politique actuel de « chasse à la sorcière ». Depuis quelques jours, la Côte d’Ivoire souffre des vagues de coupures d’électricité intempestives. Cette curieuse anomalie a aggravé l’atmosphère socio-politique électrifiée dans le pays.