Le 4 avril 1960, un an après être devenu une république, le Sénégal, alors plus ancienne colonie française en Afrique, obtient son indépendance. Léopold Sédar Senghor deviendra alors le premier président du Sénégal.
C’est une revendication qui revenait souvent à la bouche des Sénégalais : « Mom sa reew ». En wolof, comprenez « Indépendance ». Le chemin vers l’indépendance a été long pour le pays, qui faisait partie de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Mais en 1960, les revendications africaines permettent à plusieurs pays de se libérer du joug européen. Ils sont 17, cette année-là, à obtenir leur indépendance. Le Sénégal sera le deuxième, après le Cameroun.
Un an et demi auparavant, le Sénégal était devenu une République. A Saint-Louis, en novembre 1958, l’Etat sénégalais nait au sein de la Communauté française, par référendum. En avril 1959, avec la République soudanaise — l’actuel Mali —, le Sénégal forme la Fédération du Mali. Après les accords du 4 avril 1960, il faudra encore attendre le 20 août de la même année pour que le Sénégal devienne réellement indépendant et que les accords entre la France et son ancienne colonie soient mis en œuvre.
Une décolonisation « par la France, en association avec la France »
Ce départ de la Fédération du Mali est symbolique : contrairement au Mali, le Sénégal montre rapidement sa volonté de quitter la Fédération et donc, de facto, de mettre fin à sa coopération officielle avec la France. Le 20 août 1960, une nouvelle Constitution voit le jour. Il faut ensuite deux semaines pour que soit nommé le premier président du Sénégal. Le 5 septembre, c’est en effet un collège électoral qui fait de Léopold Sédar Senghor le premier chef de l’Etat sénégalais.
En 1960, on est loin des violences qui sont observées dans plusieurs colonies françaises, comme en Algérie. C’est avec une certaine tranquillité que le Sénégal obtient ce fameux accord avec le gouvernement du général de Gaulle. Notamment grâce à Léopold Sédar Senghor, qui négocie avec le général l’indépendance des colonies africaines. Dès avril 1947, les Sénégalais fêtent la fin de la Seconde Guerre mondiale dans la rue, en manifestant pour leur indépendance, alors que Vincent Auriol est à Dakar, en avril.
Senghor, lui, en entamant ses discussions sur la décolonisation a deux avantages : il ne parle pas que pour le Sénégal mais pour toutes les colonies françaises en Afrique. Surtout, il prône une décolonisation en douceur. Celle-ci ne doit pas se faire « contre la France, mais par la France, en association avec la France ». Autrement dit, il fait prendre conscience à Paris que la libération doit être de sa propre initiative, en accord avec les populations locales.
« L’indépendance, l’unité africaine et la Confédération »
Le Sénégal adoptera alors un régime parlementaire et une Constitution calquée sur celle de la France. Et si le Sénégal coupe les liens avec la France, Léopold Sédar Senghor s’efforcera de coopérer avec Paris lors de ses premières années au pouvoir.
Mais cette indépendance sénégalaise est aussi l’œuvre d’un autre homme, moins conciliant que Senghor, Valdiodio N’diaye. En août 1958, alors que de Gaulle est à Dakar. Âgé de 35 ans et ministre de l’Intérieur, N’diaye profite d’être seul — le chef de gouvernement Mamadou Dia se fait soigner en Europe et Léopold Sédar Senghor, député, est en Normandie — pour dire au général qu’« il ne peut y avoir aucune hésitation. La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixé trois objectifs, qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : « l’indépendance, l’unité africaine et la Confédération ».
Les Sénégalais votent alors, le 28 septembre 1958, en faveur de la Constitution française. La décolonisation du Sénégal prend un coup de retard. Mais tout s’accélèrera ensuite, avec l’éclatement de l’éphémère Fédération du Mali, et la déclaration de l’indépendance du Sénégal à peine un an et demi plus tard.