La pandémie de coronavirus et les mesures qui ont découlé de celle-ci ont permis de développer le secteur du e-commerce. Mais dans de nombreux pays africains, il reste du travail.
Elle est « l’année où tout a changé », selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 2020 a permis un boom du secteur du e-commerce, grâce à la triste pandémie qui a secoué la planète. « Jamais une telle croissance, aussi soudaine, ne s’est produite comme celle qu’ont enregistré les secteurs du numérique et du commerce électronique, véritable boom né de la crise de la Covid-19 », résume la CNUCED qui, chaque année, publie son « indice du commerce électronique ».
En 2020, c’est Maurice qui était en tête du classement de cet indice en Afrique. Un indice qui prend en compte plusieurs critères parmi lesquels le développement et le déploiement d’internet, et la qualité de vie numérique, indique l’agence économique et financière Ecofin.
Mais 2020 aura provoqué une véritable prise de conscience chez les acteurs de ce secteur. Confinement, couvre-feu ou fermetures de restaurants, de boutiques et de bars… Autant de facteurs qui ont démontré l’obligation de développer un peu plus le e-commerce sur le continent.
« La part du commerce électronique dans le commerce de détail mondial est ainsi passée de 14 % en 2019 à environ 17 % en 2020 », affirme la CNUCED qui estime que « les entreprises et les consommateurs qui ont pu ‘passer au numérique’ ont contribué à atténuer le ralentissement économique causé par la pandémie ».
L’institution internationale donne ainsi l’exemple de la plateforme Jumia. Rien que pour le premier semestre 2020, l’entreprise propriétaire de l’application a enregistré un bond de 50 % de ses transactions. Et si la pandémie et les mesures sanitaires prenaient fin, la CNUCED promet que « la tendance enregistrée pour le commerce électronique en 2020 devrait se maintenir au cours de la reprise ».
En Afrique, des freins au e-commerce
Tout n’est pour autant pas rose : coûts trop élevés de l’internet, bancarisation très faible et préférence pour l’argent liquide ou encore revenus limités… L’Afrique, si elle a vu son commerce électronique exploser, reste encore sujette à de nombreux freins. « Dans plusieurs pays parmi les moins développés, les consommateurs et les entreprises n’ont pas tiré parti des opportunités offertes par le commerce électronique en raison d’obstacles persistants », déplore la CNUCED. Parmi ces obstacles, également, le « manque de confiance des consommateurs » envers ces nouveaux modes de commerce.
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement s’étonne également du manque d’attention accordée par les gouvernements au commerce électronique. Alors que, poursuite l’une des directrice de l’organisation, « les pays qui exploitent le potentiel du commerce électronique seront les mieux placés pour que les biens et services qu’ils produisent atteignent les marchés mondiaux dans une économie en voie de numérisation ».
L’explosion des majors du e-commerce pourrait s’avérer compliquée pour l’Afrique. Selon la CNUCED, « le risque est réel que l’importante fracture numérique qui existait déjà entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci s’aggrave suite à la pandémie ». Autrement dit, il résultera de cette situation « des inégalités encore plus profondes qui risquent de remettre en cause les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies ».
La CNUCED tire cependant son chapeau au Sénégal, qui « a mené une campagne d’information, d’éducation et de sensibilisation soulignant les avantages du commerce électronique dans tous les segments de la population ». Un exemple trop rare. « Les gouvernements doivent donner la priorité à la préparation au numérique au niveau national afin que davantage d’entreprises locales deviennent producteurs de l’économie numérique, et pas seulement des consommateurs », affirme le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement qui préconise, de la part notamment des gouvernements africains, la mise en place de cadres réglementaires plus solides et de s’inquiéter de l’exploitation des données.