Voilà trois jours que le porte-conteneurs « Ever Given » bloque le canal de Suez. Un naufrage anecdotique ? Pas vraiment, car pour des milliers de compagnies et des dizaines de pays, ce blocage représente une catastrophe économique.
Le navire panaméen « Ever Given », affrété par la compagnie taïwanaise Evergreen, s’est échoué dans le canal de Suez, bloquant le trafic maritime d’une route qui représente 12 % du transport mondial de marchandises. L’« Ever Given » transportait des marchandises en provenance de plusieurs ports chinois vers Rotterdam, aux Pays-Bas.
220 000 tonnes, 400 mètres de long et 59 mètres de large… Le porte-conteneurs est un monstre des eaux comme on en croise souvent sur le célèbre canal. Il transportait plus de 18 000 conteneurs et est resté coincé dans le sable. La société de dragage a annoncé qu’il serait judicieux de décharger le navire avant de continuer l’opération de renflouement.
L’autorité égyptienne du canal de Suez, la SCA, ne partage pas cet avis. Elle préfère une reprise rapide de la navigation et a mis à disposition huit remorqueurs qui sont actuellement en train de redresser l’« Ever Given ».
Car décharger le porte-conteneur pourrait prendre des semaines. Avec un effet papillon non négligeable : les prix du brut et le ravitaillement de la planète en pétrole. Rien qu’après cet embouteillage provoqué par l’« Ever Given », les cours du pétrole ont bondi de 5%. Les autorités égyptiennes ne peuvent donc pas se permettre de prendre leur temps pour désengorger la zone.
Origines de l’accident
Le navire avait deux pilotes de l’autorité égyptienne du canal à bord, pour que l’équipage puisse être guidé, lorsque le bateau a été bloqué à partir de mardi matin tôt. Le Bernhard Schulte Shipmanagemenent (BSM), qui s’occupe de l’équipage et des problèmes techniques, a fait savoir que les 25 membres de l’équipage étaient en sécurité et qu’aucun dommage à la marchandise n’avait été signalé.
L’accident serait dû à des conditions météorologiques rendant difficile la navigation sur le canal : « Dès les premières heures de mardi, l’Egypte a été frappée par une tempête de sable, avec des vents violents atteignant 40 nœuds », indique le communiqué de la SCA. La société de transport taïwanaise Evergreen Marine, qui gère le navire, a déclaré avoir appris du capitaine « qu’on soupçonne qu’il a été touché par un vent soudain fort, qui a fait dévier la coque, qui a ensuite accidentellement touché le fond et s’est échoué ».
Embouteillage monstre
Le lieutenant-général Ossama Rabei, chef de l’Autorité du canal de Suez, assure qu’il « n’épargnera aucun effort pour assurer la restauration de la navigation et servir le mouvement du commerce mondial ». Car c’est bien de cela dont il est question : tandis que les opérations de sauvetage ont débuté, les navires pris au piège derrière l’« Ever Given » sont retournés vers le sud, à Port Suez, pour libérer le canal.
Le blocage pourrait avoir un effet majeur sur le transport maritime mondial entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. En effet, chaque jour supplémentaire que le canal est fermé, la nourriture, le carburant et les marchandises ne circulent plus entre l’Europe et l’Extrême-Orient.
Outre les conséquences économiques, les experts en sécurité ont averti que les navires actuellement au ralenti dans la mer Rouge pourraient être des cibles après une série d’attaques contre des navires au Moyen-Orient dans un contexte de tensions entre l’Iran et les Etats-Unis.
Au niveau des cours de pétrole, le prix du baril, au point mort depuis 2014, s’est élevé à plus de 63 dollars aujourd’hui, marquant plus de 5 % d’augmentation par rapport à mardi matin.