L’industrie des jeux vidéo ne connaît pas la crise de la Covid-19, surtout en Afrique. 53% des Africains ont moins de 20 ans. Ce chiffre atteindra les 72% en 2050, et plus de 35% des jeunes dans le monde seront africains. Cela, et d’autres facteurs, signifie que l’industrie du gaming connaitra une africanisation inévitable.
L’industrie du gaming connaitra un taux de croissance annuel composé (TCAC) en Afrique de 12% au cours de la période de prévision 2021-2026. La disponibilité croissante des consoles de jeu et la démocratisation des smartphones, ainsi que le rajeunissement des populations africaines sont les facteurs majeurs de la popularité des jeux vidéo en Afrique.
La jeunesse africaine est donc essentielle pour le futur de cette industrie. 83% des consommateurs des jeux dans le monde ont entre 25 et 35 ans. C’est un public qui commence à démériter aux yeux de l’industrie gaming. Cette dernière vend un produit qui requiert un consommateur constant, d’où l’intérêt croissant des développeurs des jeux vidéo pour l’Afrique et sa démographie.
Les médias traditionnels se frayent une place
Le vidéoludique suit toujours une progression parallèle à celle du cinéma, de la télévision et de la technologie. C’est une question de moyens, la plupart des producteurs des jeux vidéo travaillent avec les studios dans l’exploitation de la capture de mouvement (mocap), des technologies d’acoustique, et engagent souvent les scénaristes et les comédiens du cinéma et de la télévision.
Et dans ce contexte, on remarque de plus en plus l’Afrique dans les festivals mondiaux du cinéma et dans les séries télévisées. Les réalisateurs africains font de nouvelles percées avec le lancement de contenus originaux produits localement sur Netflix et Amazon, entre autres. Le Kenya, le Nigéria, l’Ouganda et l’Afrique du Sud sont actuellement les principaux développeurs de jeux vidéo du continent africain. Entre ces quatre pays, il y’a eu une croissance de 38 millions de gamers mobile et de plus de 2 millions sur les autres plateformes entre 2019 et 2021.
Dans les quatre pays en question, le taux de possession de smartphones a atteint 83% en 2020, contre 43% en 2016. L’industrie du gaming a rapporté 88 millions de dollars au Kenya en taxes sur l’importation de deux types de consoles seulement en 2020. En Afrique du Sud, le régulateur de télécommunications (ICASA) a enregistré 47 millions de nouveaux abonnements aux services gaming mobile en 2018.
La prépondérance du gaming mobile
Bien que l’Afrique entière consomme moins de jeux sur console et sur PC qu’un pays comme la France ou la Corée du Sud, la popularité et l’accessibilité des jeux vidéo sur mobile ont déclenche une révolution technologique en Afrique.
L’adoption directe des smartphones sans passer par les téléphones portables est un mal pour un bien pour l’Afrique. Cela a permis à plusieurs pays africains d’éviter le processus fastidieux de l’établissement des infrastructures traditionnelles et a privilégié des technologies plus récentes. La connexion internet par satellite, par exemple, a permis un réseautage plus rapide à des coûts réduits par rapport aux câblage maritime. Ce dernier, bien que performant, requiert une maintenance continue, des navires câbliers et des accords entre tous les pays par lesquels passe le câble.
Seuls neuf pays africains sont reliés à Internet par les hubs maritimes SeaMeWe3 et Metiss. Les autres pays africains investissent ces dernières années dans la connectivité par satellite, une solution moins couteuse que le câblage. Cette solution convient aussi parfaitement au gaming mobile en Afrique, qui est de loin le plus populaire. Les jeux sont souvent adaptés à une connexion instable, et ne demandent pas une bande passante performante du côté du client.
Toutefois, les plus grandes société de la tech en Afrique ont lancé un projet de câble maritime qui couvre tous les pays côtiers africains. Le projet s’appelle 2Africa et ne verra pas le jour avant 2024.
Une industrie prometteuse
Le boom des achats de smartphones et la croissance d’Internet ne sont pas les seuls facteurs favorisant le gaming en Afrique. Le vidéoludique africain a aussi accru les achats en ligne. Cette instance a conduit à la formation du marché de l’argent mobile en Afrique subsaharienne, en outre avec plus de la moitié des paiements mobiles dans le monde en Afrique uniquement.
Cette conjoncture met en valeur le potentiel inexploité du marché avec des normes de monétisation croissantes dans les applications de jeu telles que les jeux payants ou soumis à un abonnement, et les achats de produits dans les jeux communément connus comme « pay-to-win », entre autres.
Une étude comparative menée en 2019 par le Centre américain pour les informations biotechnologiques (NCBI) a révélé que les jeux sur smartphone représentaient 24% des formes de divertissement globaux en Afrique. En outre, on s’attend à ce que ce pourcentage, au-delà du boom dû au confinement lors de la pandémie, continue d’augmenter régulièrement pendant les années à venir en raison du nombre croissant de des jeux mobiles et de l’émergence des jeux freemium.
L’augmentation de la population de jeunes attire davantage les investissements dans la région. Par exemple, en mai 2020, Carry1st, une start-up de développement de jeux, a levé 2,5 millions de dollars pour le développement de jeux vidéo 100% africains. Le groupe rwandais Mara avait annoncé deux smartphones économiques décrits comme fabriqués en Afrique. La société a rapporté que l’assemblage du smartphone a été réalisé dans des pays africains. Ainsi, l’entreprise, en tant que premier fabricant de smartphones de la région a stimulé les ambitions du Rwanda de devenir un pôle technologique régional et avoir une longueur d’avance sur le marché des jeux sur smartphone.