Depuis le décès de leur huitième monarque, Goodwill Zwelithini, les Zoulous d’Afrique du Sud font face à un défi de taille : le choix du prochain roi.
Le défunt Goodwill Zwelithini, qui a été inhumé cette semaine après 50 ans d’un règne riche en scandales, laisse un héritage inédit. Le descendant de « Shaka » avait établi son cercle d’influence à une époque où les factions tribales sud-africaines subissaient l’apartheid. Il avait profité de ce contexte pour unifier les Zoulous. A son actif également, des décisions qui avaient fait polémique, comme celle de relancer la danse du roseau et la circoncision.
Le successeur du flamboyant Goodwill héritera d’un royaume bien différent, notamment parce que l’époque est différente. L’héritier sera choisi par la famille et les conseils tribaux parmi 28 enfants. Il devra faire appel à un peuple qui, en raison de la mondialisation, ne peut plus se permettre les pratiques du passé ou se contenter d’être simplement zoulou. Actuellement, beaucoup de Zoulous préfèrent prendre une identité nationale sud-africaine plutôt que d’adopter des pratiques patriarcales qu’ils jugent dépassées.
Et si le choix du prochain roi zoulou sera largement suivi à l’échelle du pays, les populations, notamment citadines, la regardent avec une certaine curiosité. Les Zoulous n’ont jamais sauté le pas de la communication digitale et restent un peuple à part. Mais le monarque zoulou est une personnalité qui compte sur l’échiquier politique : la province natale du royaume zoulou, le KwaZulu-Natal (KZN), a longtemps été disputée par le Congrès national africain (ANC) et le Parti Inkatha de la liberté (IFP). Les deux formations ont des représentants d’origine zouloue qui se disputent régulièrement l’électorat zoulou. Cette course aux voix a plongé le roi précédent dans la folie, les appels à la violence et dans une course effrénée à la corruption.
Une désignation symbolique mais avec de nombreux enjeux
Le royaume zoulou devra donc choisir entre deux profils : celui d’un roi qui cristallise les tensions ou celui d’un monarque qui tente d’unir. Quel que soit son profil, le futur roi zoulou devra représenter un leadership non-partisan et ménager le sentiment d’appartenance des Zoulous. L’héritier de Zwelithini, en tant qu’autorité sur les questions rituelles, devra en effet s’exprimer sur le nationalisme zoulou.
D’un côté, marcher sur les pas de Goodwill Zwelithini impliquera une bataille plus rude encore entre le royaume et le gouvernement sud-africain central. De l’autre, s’éloigner de l’idéologie du défunt roi risque de provoquer une rébellion interne. Et dans ce cas, le nouveau monarque devra assumer ce virage, surtout sur les questions sociales. Et il sera difficile pour un nouveau roi de soumettre à 10 millions de Zoulous à la fois l’appartenance sud-africaine, les droits des minorités et l’ouverture aux étrangers.