L’administration Biden fait les yeux doux à une Afrique délaissée par son prédécesseur. Dans le discours du président américain du sommet de l’Union, le nouveau président américain annonce vouloir remettre « l’autorité morale » des Etats-Unis au centre de sa politique africaine.
Donald Trump ayant déserté l’Afrique, Joe Biden se positionne en artisan du retour des Etats-Unis sur le continent. « Partenaires en solidarité, soutien et respect mutuel. Nous croyons en les nations africaines », a résumé le nouveau président africain pour parler de sa future politique africaine.
L’image de Joe Biden contraste avec celle de Donald Trump. Lors du 34e sommet de l’Union africaine, Joe Biden a laissé un message vidéo dans lequel il utilise le terme de « respect » pas moins de neuf fois. Certes, il est difficile de faire pire que Trump, mais Biden n’en rajoute-t-il pas trop ?
En tout cas, après les paroles, les actes : la nouvelle administration américaine a déjà commencé à revoir sa politique concernant les restrictions sur le visa, imposées aux Nigérians, Soudanais et Somaliens, entre autres.
Un « gouvernement diversifié »
Côté Etats-Unis, Biden tranche là aussi avec Trump. Le gouvernement américain, habituellement à tendance blanche, prend quelques couleurs. Après avoir choisi comme partenaire caribéenne dans la course électorale l’actuelle vice-présidente Kamala Harris, Joe Biden a décidé de nommer d’autres personnalités noires à des postes-clés. Un vent nouveau souffle sur la Maison-Blanche.
Marcia Fudge, la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, fait partie de l’administration Biden annoncée mi-février. La nouvelle directrice du Conseil de politique intérieure, Susan Rice, ainsi que la nouvelle représentante américaine à l’ONU Linda Greenfield sont toutes les deux des femmes Africaines-Américaines.
Un Ghanéen à la tête du stratégique MCC
Une stratégie de nominations pour le moins symbolique. Mais Biden a fait un geste fort en nommant Mahmoud Bah, d’origine ghanéenne, à la tête du Millennium Challenge Corporation (MCC). Depuis 2004, le MCC est le programme de développement qui détermine le soutien financier américain à chaque pays africain.
Anciennement représentant du MCC en Côte d’Ivoire, Bah a déjà participé à l’évaluation du contexte Africain dans le classement annuel MCC, dont beaucoup de pays Africains dépendent car le soutien financier américain constitue une part non négligeable de leur PIB national.
Voulant accorder un peu plus de place à la communauté africaine installée aux Etats-Unis, l’administration Biden a décidé de réactiver le programme Young African Leaders Initiative (Yali).
Quelle actions en Afrique ?
Dans un message vidéo adressé à l’Union africaine, le président Américain a promis de la cohérence et un respect mutuel entre son pays et le continent. Des promesses qui, si elles veulent être fortes, doivent être suivies d’actes. Certes, Biden a déjà appelé son homologue kényan pour, notamment, parler du Tigré. Reste que le bilan de Joe Biden ne parle pas pour lui : le ticket qu’il formait avec Barack Obama n’a pas été bénéfique pour le Tiers-Monde en général, et l’Afrique en particulier.
Joe Biden aura fort à faire pour retisser le lien avec un continent oublié ces dernières années par les Etats-Unis. Il faudra, pour cela, que le président américain soit conscient des enjeux. Ses thèmes de campagne — droits des femmes, des personnes LGBTQ, des handicapés — sont, pour certains pays africains, bien loin des réalités continentales. L’Afrique doit actuellement gérer la crise sanitaire et économique, et attend des USA une politique commerciale novatrice. Bien loin des beaux discours de Biden devant les dirigeants de l’UA.