Après avoir négocié un accord, qui prévoyait le paiement d’une amende contre l’abandon des poursuites, Vincent Bolloré doit finalement répondre de faits de corruption au Togo devant une juridiction correctionnelle.
La stratégie ne s’est pas avérée payante : Vincent Bolloré pensait pourtant pouvoir trouver un accord en se rendant au tribunal judiciaire de Paris. Accusé d’avoir monnayé au Togo des services de communication pour le président Faure Gnassingbé en échanges de concessions portuaires, l’homme d’affaires avait décidé de plaider coupable et estimait que payer une amende de 375 000 euros suffirait à en terminer avec ce dossier.
C’était sans compter sur la pugnacité de la juge, qui a tout bonnement refusé un accord. Pour la magistrate, il est « nécessaire » que Vincent Bolloré soit jugé dans le cadre de cette affaire. Le patron passera donc par la case tribunal correctionnel, aux côtés de Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, et de Jean-Philippe Dorent, directeur international de l’agence de communication Havas.
Vendredi dernier, Bolloré a donc reconnu les faits dans le dossier togolais, mais aussi en Guinée. Pour ce qui est de l’obtention de la gestion du port de Conakry, les faits sont en grande partie prescrits. Et alors que l’homme d’affaires s’apprêtait à payer l’amende maximum qu’il risquait en cas de procès, l’accord passé avec le procureur du Parquet financier n’a pas convaincu la juge du tribunal judiciaire.
Selon elle, « les peines proposées par le procureur et acceptées par (les trois hommes) sont inadaptées » au regard de la gravité de ce qui leur est reproché. La magistrate demande que les cadres de Bolloré soient « jugés par une juridiction correctionnelle ».
Qu’est-ce qui a poussé la juste à refuser l’accord. Pour elle, les faits commis, et donc avoués, ont « gravement porté atteinte à l’ordre public économique » ainsi qu’à « la souveraineté du Togo ». En attendant que le procès soit confirmé par un magistrat, le groupe Bolloré peut s’acquitter d’une première amende de 12 millions d’euros, assortis de 4 millions supplémentaires. S’il paye, il pourra alors échapper au procès pour corruption. Si l’homme d’affaires le conteste, il ira alors jusqu’au procès. Au risque de voir son groupe perdre de son influence en Afrique.