Ce vendredi 26 février, 317 écolières de Zamfara, au nord du Nigeria, ont été kidnappées. De plus en plus, les groupes armés ciblent des établissements scolaires, espérant tirer des rançons des enlèvements.
« Le commandement de la police d’Etat de Zamfara, en collaboration avec l’armée, a lancé des opérations conjointes de recherche et de sauvetage en vue de secourir les 317 élèves enlevées par les bandits armés de l’école secondaire des sciences de Jangebe », a indiqué le porte-parole de la police Mohammed Shehu nigériane dans un communiqué de presse.
Le vendredi 26 février, 317 écolières ont en effet été kidnappées par des « bandits armés ». Dans le nord-ouest et le centre du Nigeria, les groupes armés pullulent. Si la police de Zamfara a annoncé que l’opération de sauvetage était déjà en cours et que le gouvernement central a déployé une unité militaire spéciale afin d’aider les efforts locaux, l’épisode de Chibok laisse penser au pire.
Car les kidnappings massifs, réalisés pour obtenir des rançons, sont fréquents. Pour Vincent Hiribarren, directeur du bureau nigérian de l’Institut français de recherche en Afrique (Ifra), « la fréquence de ces enlèvements augmente, tandis que le mode opératoire demeure toujours le même ». A se demander si l’Etat a pris la mesure des choses.
Rien que la semaine dernière, 42 personnes ont été enlevées par un groupe armé dans l’Etat du Niger, à l’ouest du Nigéria. Le 11 décembre, 344 jeunes garçons ont été enlevés par Boko Haram à Kankara, au moment où le Président Buhari visitait la région.
Mais que fait la police ?
Les enlèvements ne sont qu’un défi sécuritaire parmi tant d’autres au Nigeria. Une insurrection menée par le groupe terroriste Boko Haram a lieu au nord-est du pays. De plus, des tensions ethniques couvent dans certaines régions du sud. Sans oublier, évidemment, le mouvement EndSARS au centre et à l’est du pays, qui réclame des réformes au sein des forces de police.
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, s’est exprimé sur Twitter : « Que ces bandits, kidnappeurs et terroristes n’aient pas d’illusions, ils ne sont pas plus forts que le gouvernement ». Force est de constater que ce n’est sûrement pas le cas. Quoi qu’il en soit, le chef de l’Etat affirme : « Nous ne succomberons pas au chantage des bandits et des criminels, qui ciblent d’innocentes élèves, espérant le paiement de rançons importantes ».
Du côté des instances internationales, Amnesty International a condamné le dernier enlèvement sur Twitter : « Les écoles devraient être des lieux de sécurité et aucun enfant ne devrait avoir à choisir entre son éducation et sa vie ».
Si le Président Buhari veut que les enlèvements cessent, il faudra que le gouvernement envoie un message fort sur le terrain contre ces groupes armés. En attendant, ces derniers continuent à utiliser les enfants comme monnaie d’échange. « Depuis 2014 prévaut le phénomène Chibok qui a engendré une mobilisation internationale. Les ravisseurs savent que les journalistes du monde entier vont s’y intéresser », résume Vincent Hiribarren. De quoi inciter les bandits à continuer leurs kidnappings sur le même mode opératoire.