Le 21 février, le Niger vote pour son président. Les deux candidats qualifiés lors du premier tour jettent leurs dernières forces dans la campagne. Si rien n’est joué, Mohamed Bazoum est largement favori du scrutin…
Dans la course à la présidence du Niger, les deux candidats encore en lice jettent leurs dernières forces dans la bataille. D’un côté, Mohamed Bazoum est ultra favori. Arrivé en tête du scrutin le 27 décembre dernier avec 39,30 % des voix, il avance aujourd’hui sereinement, fort de son alliance avec Seini Oumarou et Albadé Abouba, arrivés respectivement troisième et quatrième, qui pèsent une quinzaine de points. Mathématiquement, le soutien des deux hommes doit donc suffire à dépasser la majorité absolue.
De l’autre, Mahamane Ousmane. A côté de Bazoum, l’opposant faire figure de poids plume. En décembre, il a terminé deuxième mais n’a recueilli que 16,98 % des voix. On est loin de sa popularité du début des années 1990. Ousmane a en effet été le premier président de la République élu démocratiquement. Nous étions alors en 1993. Le chef de l’Etat ne restera alors que trois ans au pouvoir, avant d’être renversé par un coup d’Etat.
A l’époque, le multipartisme venait de naître au Niger. L’opposition avait réussi à s’unir et, lors de la présidentielle, Mahamane Ousmane avait profité de cette union sacrée pour battre Mamadou Tandja. Une surprise qu’Ousmane espère bien réitérer dans trois jours, le 21 février. Mais cela paraît cette fois peu probable. Certes, le candidat tente de mobiliser et multiplie les voyages dans plusieurs régions du Niger. Mais il a face à lui une vraie machine.
Car Mohamed Bazoum, s’il ne bénéficie pas de la popularité du président actuel, reste l’homme de Mahamadou Issoufou. Voilà trente ans que le président et son probable successeur travaillent main dans la main. Mais Issoufou n’a jamais fait de cadeau à Bazoum. Ce dernier n’a pas le charisme ni l’aura du président sortant. Au sein du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), il ne fait pas l’unanimité. Lui est jugé clivant là où Issoufou rassemble.
Restent quelques inquiétudes au sein du PNDS. La peur notamment que Mohamed Bazoum tente de réformer le parti et gâche le travail d’Issoufou. Mais le président ne devrait pas rester trop loin du théâtre politique. Non pas qu’il compte diriger, en sous-marin, le Niger. Mais Bazoum, s’il rêve d’un destin à la Issoufou, a besoin de suivre les conseils de son mentor. S’il arrive comme prévu en tête du second tour de l’élection dans trois jours, Mohamed Bazoum n’aura pas tout gagné : il lui faudra du temps pour succéder à Mahamadou Issoufou. Et l’héritage est lourd à porter.